Sachant que c'est la première chose que l'on voit en mettant la tête sous l'eau,nous commencerons donc notre visite des petits fonds par les poissons.
Celui qui ne visite pas la mer rate les deux tiers du monde. De nos jours, c'est d'autant plus vrai qu'il est facile d'aller découvrir les petits fonds avec un simple masque et des palmes.
Ces petits fonds présentent une grande diversité de milieux. Certains sont sableux, d'autres rocheux. Ils peuvent être exposés aux vagues ou non. On est ici dans le royaume de la lumière et l'exposition à cette dernière joue aussi un rôle très important. Tout cela entraîne, bien sûr, le développement d'une incroyable variété d'espèces.
Et c'est là, par exemple, que vit un des poissons les plus abondants de la Méditerranée. : La Saupe.
C'est durant l'arrière saison que l'on rencontre le plus de poissons. A croire que ces derniers attentent avec impatience la fin de la saison estivale pour revenir sur nos côtes. C'est le moment idéal pour se promener au milieu des grands bancs argentés. Commençons donc notre visite des petits fonds par eux.
Parmi les plus communs, arrêtons nous un instant sur les bancs de sars.
Voici, tout d'abord, une espèce très commune qui vit près des fonds rocheux ou sableux: Le sar à tête noire (Diplodus vulgaris), encore appelé sar commun ou Sargue vit en bancs composés de nombreux individus.
La période de reproduction se situe en automne. Ceci expliquant peut être pourquoi leur population est plus importante sur nos côtes durant cette période.
Continuons avec le Sar Franc (Diplodus sargus). Comme toutes les espèces du genre Diplodus, c'est un poisson argenté. Il possède une série de rayures verticales qui ont tendance à s'estomper avec l'age. Sa nageoire caudale est bordée de noir. C'est cette bande noire qui permet de l'identifier.
La Méditerranée ne possède pas de grands bancs comparable à ceux de terre neuve, mais
par contre elle est championne pour la biodiversité. Autrement dit, elle est riche en espèces, en poissons.
Parmi ceux à écailles argentés si nous continuons à regarder de plus près les sars, nous nous rendrons compte qu'il en existe plein d'espèces: le sar à grosses lèvres (Diplodus cervinus), le sar à tête noire (Diplodus vulgaris), le sparaillon (Diplodus annularis), le sar franc (Diplodus sargus) et le sar à museau pointu (Diplodus puntazzo) présenté ici
En automne, nous avons souvent des conditions exceptionnelles : beau temps, eau chaude et énormément de poissons. Parmi les plongeurs, qui n'a pas vu de barracudas, de mérous , de dentés , de mostelles? Qui n'a pas évolué au sein des bancs de sars, de dorades, de loups, d'anchois, de chinchards, de bogues ou de saupes ?
Et, aussi étrange que cela puisse paraître, dans cette eau calme, troublée uniquement par ma respiration je n'ai eu qu'une envie : rêver
Dans les dix premiers mètres, je me suis souvent promené entre ces bancs de poissons tous différents les uns des autres. Et quel plaisir de pouvoir les approcher, d'arriver à se faire accepter, de nager avec eux et même, l'espace d'un instant, faire partie d'eux.
Voici maintenant le poisson que les plongeurs rencontrent le plus souvent en Méditerranée: la Castagnole, encore appelée Demoiselle ou Hirondelle de mer (La forme de la queue rappelle une hirondelle). Elles ont tendance à se regrouper sous les bateaux si bien que c'est souvent les premiers et derniers poissons que l'on rencontre lors d'une plongée. Elles s'amusent parfois à gober les bulles d'air des plongeurs qui sont en train de faire leurs paliers. Cette photo à d'ailleurs été prise pendant des paliers à proximité du bateau.
A faible profondeur parmi les roches on peut rencontrer les jeunes qui possèdent une magnifique couleur d'un bleu fluorescent.
Dans les premiers mètres vivent également de petits poissons qui ont la particularité d'être très curieux. Ils sortent volontiers de leurs cachettes pour venir observer les plongeurs, ces animaux bizarres qui arrivent à faire de si grosses bulles.
Ces poissons sont omniprésents dans les petits fonds. Gobies, girelles, labres et blennies feront ainsi la joie des enfants qui pourront les observer à loisir.
Mais en regardant la photographie ci dessous, on est en droit de se demander qui , du poisson ou de l'homme, est l'observateur ou l'observé.
C'est dans ces eaux peu profondes que les végétaux déploient toute leur magie. Dans ces eaux bien éclairées, les algues composent alors, la toile de fond du décor de nos plongées. Pour les animaux, les algues constituent une protection contre les prédateurs, le soleil et le courant. C'est dans ces fonds que la padine (ou algue paon), déploie ses fragiles entonnoirs gris rayés.
Voici une petite algue verte, visible dès la surface, très reconnaissable à sa forme en ombrelle. "Une pâquerette qui vit dans l'eau" m'a dit un jour Tanguy (6 ans).
En fait cette algue est assez particulière: sa tige est constituée d'une seule cellule géante! Comme vous pouvez aisément l'imaginer, elle est donc très apprécié des chercheurs en biologie cellulaire.
C'est en été, que vous pourrez aisément l'observer. Et pour cela, pas besoin d'aller explorer les grands pâturages sous-marins, car on la trouve un peu partout, dès la surface, dans les endroits bien abrités et bien éclairés.
Il arrive environ 50 nouvelles espèces par an en Méditerranée. Voici la plus médiatique, la Caulerpa Taxifolia. C'est une très belle algue avec un joli vert, douce au toucher. Son seul défaut est d'être un peu envahissante ...
Elle est apparue devant le musée Océanographique de Monaco en 1984 (sûrement un rejet accidentel en mer). Elle a résisté aux températures hivernales. Puis sa croissance est devenue exponentielle du fait qu'elle ne possède aucun prédateur. La nature trouvant toujours une solution à tout problème, il est fort probable que d'ici quelques années son expansion soit naturellement stoppée et qu'elle trouvera sa place dans le biotope Méditerranéen.
On pourrait penser qu'il n'est point besoin de scaphandre autonome pour voir des bancs de Saupes ou de sars mais, que pour le reste, il s'avère vite indispensable.
Cela est pourtant faux. En Méditerranée, une multitude de petits animaux vivent dans les premiers mètres. Muni d'un simple masque, avec un peu d'attention, vous pourrez observer bien autre chose que des poissons.
Prenons un exemple. Regardons bien au fond des anfractuosités. Vous y distinguerez peut être de petits tentacules orangés. Difficile me direz vous de savoir ce que c'est. Allons donc un peu plus loin et soulevons une pierre. Il y a forte chance qu'un petit coquillage blanc, tente de s'échapper en nageant.
C'est une lime et plus précisément une lime baîllante.
Restons proche du bord et continuons à regarder sous les pierres. Vous y verrez certainement de petits animaux, constitués de plaques, collés à la roche comme le sont les berniques. Ce sont des chitons..
Ce sont des mollusques dont la coloration est très variable: noire, rouge orange, jaune, grise, brune etc.. Les plaques peuvent avoir plusieurs couleurs mélangées ou bien posséder une seule et unique couleur. Elles sont parfois parcourues de bandes sombres.
Maintenant, je ne peux m'empêcher de vous montrer un bel exemple d'animaux fleurs en vous présentant une anémone qui est justement souvent confondue avec une fleur. Comme on peut la rencontrer dès les premiers mètres, elle est à la portée de n'importe quel baigneur un peu curieux. Voici donc, l'anémone encroûtante jaune.
On la trouve en général sous les surplombs rocheux. Elle en recouvre parfois de très grandes surfaces. C'est à ce moment là qu'on la découvre dans toute sa splendeur.
La beauté du double panache des serpules fait qu'elles sont souvent recherchées par les photographes. Mais, elles sont très difficiles à approcher. La moindre vibration, la moindre bulle et elles se retirent instantanément dans leurs tubes.
Les paliers qu'effectuent les plongeurs (s'ils ne sont pas effectués en pleine eau) sont le moment idéal pour observer avec un peu plus d'attention la faune qui nous entoure. C'est à cette occasion que l'on peut aisément remarquer, tout près de la surface, de petits bouquets blancs. Ce sont en fait, des colonies de petits animaux transparents comme du verre et mesurant à peine 10mm: les clavelines
D'une coloration vive, l'astérie rouge est très fréquente sur les fonds durs. Et bien que cela soit plus rare, on peut aussi la rencontrer dans les prairies de posidonies.
Chez les étoiles de mer, les sexes sont séparés et la fécondation est externe. Les larves passent généralement par le stade planctonique avant d'évoluer vers leur forme étoilée. Il semblerait que cela ne soit pas le cas pour l'astérie rouge dont les oeufs donneraient naissance directement à de petites étoiles.
Ils se déplacent la nuit aussi discrètement que possible. Ils portent sur leur dos des piquants qui sont mobiles. Voici venir les hérissons de mer! Il en existe plus de 800 espèces différentes de part le monde.
En Méditerranée vous pourrez rencontrer l'oursin grimpeur, l'oursin noir, l'oursin de roche , l'oursin melon, l'oursin lance, l'oursin diadème, la spatangue...
Et là, caché parmis les algues l'oursin violet (Sphaerechinus granularis )
Parfois ce sont plutôt les araignées de mer qui accompagnent mes plongées.
Avec leurs flancs armés de multiples épines de grandes tailles, elles ont l'air de porter une armure comme le faisaient les chevaliers. Elles ont de longs poils qui recouvrent la carapace. Ils retiennent les débris d'algues et d'éponges que dépose l'araignée pour parfaire son camouflage
On ne les observe qu'en profondeur, pourtant dès l'arrivée du printemps, au moment de la reproduction, il n'est pas rare de les rencontrer proche de la surface (En général une femelle et son groupe de prétendants !).
Elles peuvent atteindre 15 cm mais il existe une autre espèce bien plus petite. Ces petites araignées se rencontrent dans les premiers mètres. Du fait que leur carapace soit recouverte d'algues, elles sont difficiles à voir et pas du tout photogéniques.
C'est pendant mes paliers de décompression que j'ai le plus de temps pour contempler l'eau environnante. Poussées par le courant les colonies planctoniques traversent mon champ visuel avant de disparaître dans le bleu de l'horizon.
Je suis souvent étonné par l'aspect pour le moins insolite des cténophores planctoniques que j'arrive à voir. La caractéristique principale de ces animaux est leur transparence quasi parfaite et seuls les jeux de lumières me permettent de les voir.
Derrière sa beauté se cache la bête noire des nageurs. Il est vrai qu'elle est particulièrement redoutable. Ses tentacules sont très fines et transparentes et peuvent atteindre plusieurs mètres ce qui les rend difficilement évitables par les nageurs. on les aperçoit d'ailleurs bien sur la photo.
Voici, la méduse "oeuf au plat". Nous avons droit parfois, à des bancs de plusieurs centaines d'individus. Cette espèce est heureusement inoffensive pour l'homme. Comme vous le remarquerez sur ces photos, elle se tient souvent au voisinage de la surface
Elle peut atteindre 40 cm. Son ombrelle sert souvent d'abris à des alevins de poissons.
La Méditerranée est une mer qui vit de la lumière. Mais la lumière n'est pas seulement source d'énergie elle est aussi beauté. En effet c'est d'elle que vient une bonne part du charme qui imprègne les plongées sur les fonds méditerranéens. Les rayons lumineux qui traversent les rideaux des vagues nous offrent un spectacle sous-marin fascinant.
Tout ce que vous venez de voir n'est rien comparé à ce que l'on peut soi-même ressentir en se promenant sous l'eau. Si vous venez au bord de la Méditerranée, profitez en. Arrêtez-vous un instant. Prenez votre temps. Regardez la, mais avec l'âme ou l'oeil d'un enfant, et comme lui, vous serez alors émerveillé par tout ce qu'elle peut nous offrir.
C'est sur ces mots que s'achève la visite de cette première galerie.
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