Il nous arrive souvent, à nous plongeurs, de traverser ces herbiers qui ont reçu le surnom, à juste titre, de "poumon" de la Méditerranée. Mais on n'y fait rarement relâche. Ce n'est pas notre biotope préféré. Pas de gros! Normal, puisque c'est une véritable pouponnière. Ils renferment de grande quantité d'alvins qui y trouvent protection et nourriture.
Mais c'est un tort. Se promener dans les herbiers de posidonies revient à ce promener dans un milieu totalement différent avec des espèces que l'on a peu l'habitude de côtoyer.
Là où il y a de la lumière, là où tout est clair, vit un poisson facilement reconnaissable grâce à ses rayures dorées. Il évolue en bancs denses au milieu des herbiers sous-marins. Ce poisson est complètement ignoré des pécheurs mais pas des plongeurs débutants qui apprécient sa magnifique coloration or et argent.
Mais pourquoi est-elle ignoré des pécheurs? Tout d'abord à cause de son régime alimentaire (Végétarien) la rend impossible a attraper autrement qu'avec un filet ou un harpon. Ensuite, comme d'autres espèces de poissons herbivores, il serait responsables d' hallucinations. Les toxines d'algues ingérées par la saupe pendant la période chaude la rendrais toxique pendant quelques mois. Le symptôme principal serait des hallucinations. Il n'est donc pas étonnant que dans le sud de la France les pêcheurs rejette à l'eau ce poisson "qui rend fada"...
Dans le calme d'un herbier de posidonies, des panaches balancent lentement et nous font penser à des fleurs frissonnantes sous l'effet de courants d'air. Mais si on s'approche ils disparaissent car ces panaches n'appartient pas à des fleurs mais bien à des animaux.
Ce sont des spirographes (les plus grand des vers tubicoles de Méditerranée). Ils déploient leurs magnifiques couronnes constituées de tentacules. Ces dernières forment de véritables filets permettant de filtrer les particules en suspension dans l'eau.
En général, un poulpe, se sentant menacé, se retourne de manière à mettre ses tentacules en face de son prédateur. Mais, dans les herbiers, il a une autre attitude qui est beaucoup plus rare à observer.
Quand le poulpe ne trouve aucun abris pour se réfugier, il essaye de nous impressionner en essayant de se faire le plus gros possible (en quelque sorte comme la grenouille et le bœuf). Il étale, pour cela, au maximum ses tentacules.
Les herbiers offrent à leurs occupants des cachettes en nombre infini. C'est là, dans cet entrelacs, que vivent les syngnathes.
Les syngnathes sont plus communément appelés "vipères de mer." Ce surnom vient uniquement de leur forme car ce sont bien des poissons et non des reptiles. Ils fréquentent uniquement les herbiers, principalement à faible profondeur, où ils sont très difficiles à distinguer du premier coup d'oeil. En effet, les Syngnathes font partie des espèces qui sont capables d'adapter leur couleur à celle de leur environnement. Leur mimétisme les rend quasiment impossible à localiser.
Les hippocampes vivent bien caché parmi les touffes d'algues et les posidonies. Malgré sa forme, c'est bien un poisson. l'hippocampe à long bec (notre photo) est facilement identifiable: Il possède des excroissances ressemblant à une 'crinière' qui va du niveau des yeux à la région dorsale, lui donnant encore plus l'aspect d'un cheval.
Sa parade nuptiale suit un rituel très spécifique. Lors de l'accouplement, les deux partenaires s'enlacent avec leur queue. Ainsi lovés l'un contre l'autre, ils remontent vers la surface comme s'ils cherchaient à atteindre les étoiles... La femelle donnera alors ses oeufs au mâle qui les conservera dans sa poche ventrale. Ils s'y développeront en toute sécurité. Plus tard, le mâle accouchera en expulsant les alvins déjà bien formés.
Depuis l'antiquité elle se dresse fièrement au milieu des herbiers et des étendues de sable. Elle a été la source de parures dorées portées par d'anciens grands rois. Durant mon enfance, lors de mes premières promenades sous-marines, j'en voyais partout ... plus maintenant ... à cause de la folie de l’espèce humaine. Elle est en train de disparaître.
Collectée à outrance, détruite par l'action humaine, elle est devenue très rare en Méditerranée. En voie de disparition, l'espèce a donc été protégée. Le coup de grâce est venu en 2016. Un parasite, introduit par un cargo qui aurait vidangé ses eaux de ballast, est apparu en Espagne. Ce parasite empêche les nacres de fermer leurs coquilles, bloque leurs glandes digestives et provoque ainsi leur mort par famine. Cette épidémie s'est alors étendue sur tout le reste de la Méditerranée.
On rencontre les comatules (encore appelées lis de mer) dans tous types de fonds, à toute profondeur et dans toute la Méditerranée. Mais elles n'y abondent pas comme dans certaines mers tropicales. C'est principalement dans les herbiers ou dans les fonds rocheux recouverts d'algues que l'on pourra les voir.
La comatule de Méditerranée, atteint 20 cm de diamètre. Sa coloration peut varier du blanc au rouge carmin, en passant par le jaune vif, l'orange et le marron. Elle possède 10 bras dont l'aspect rappelle des plumes. Son corps est très réduit. Sa base comporte une trentaine d'appendices (cirres) qui servent à la locomotion et à la fixation. Si on la détache du fond, elle sont très bien capable de nager à l'aide de ses bras.
Les prairies sous-marines jouent un rôle capital en Méditerranée. Dans un monde que l'on dénature, il a enfin été admis que ces herbiers sont vitaux pour la Méditerranée. Les animaux que l'on y rencontre sont là pour nous rappeler que l'on est loin de connaître tous les secrets de cette mer.
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