Depuis trente ans que je plonge, je me suis promené un peu partout dans les mers du monde. Pourtant rien n'a effacé en moi le souvenir de ces impressions éprouvées lorsque je me suis enfoncé pour la première fois de nuit, en Méditerranée, près d'un îlot au large des Baléares où l'eau semblait figée dans une immobilité souveraine.
Les poissons ne fuyaient pas quand je les approchais. Ils étaient bien rangés, immobiles, au milieu de ces ténèbres. J'avais devant moi un monde d'image à regarder, à détailler, à comprendre.
Je quitte mes compagnons pour m'enfoncer seul dans les posidonies. Mon phare me permet de bien distinguer les animaux à l'intérieur de enchevêtrement les herbiers. Idéal pour trouver des hippocampes ou des syngnathes.
Je n'aurais pas du être là, loin des autres palanquées. Mais, pour pouvoir trouver une certaine vie, il faut aller la chercher là où elle se trouve. Et, ce n'est pas en parcourant les chemins balisés que cela est possible.
Une lueur rouge attire alors mon regard. J'écarte doucement les posidonies. Et c'est là qu'apparaît un petit serpent de mer.
D'un rouge éclatant, il tranche avec le vert de l'herbier.
L’alicia (Alicia mirabilis) est une grande anémone qui peut mesurer une bonne quarantaine de centimètres.
Je la trouve nettement plus belle que les autres. Mais pour la voir il faut plonger, de nuit, dans les herbiers de posidonies. Le jour elle est contractée et forme une boule brunâtre. La nuit, on peut l'admirer dans toute sa splendeur.
Elle se déploie alors majestueusement et forme une longue colonne translucide se terminant par un magnifique panache qui ondule au gré des courants.
Sortant de sa coquille, un Bernard-l'ermite se met à évoluer près de la surface au milieu des posidonies.
La grande aplysie brune se rencontre généralement de nuit. Sur sa tête, il y a deux excroissances qui évoquent deux oreilles de lapin d'où son surnom de Lièvre de mer. Le pied est équipé latéralement de deux grands appendices (souvent ramenés sur le dos) qui lui servent à nager. La nage de l'aplysie est d'ailleurs assez spectaculaire.
Elle n'est pas farouche. Je l'ai même vu nager vers un plongeur et se poser sur sa tête ... et ne plus vouloir en partir
Ce poulpe se rencontre en général de nuit. Il est appelé poulpe à bras longs ou encore grande pieuvre.
Ils furent parmi les premiers cadeaux qu'un homme fit à une femme. Ils furent considérés comme bijoux et objet magique. On retrouve leur présence dans les mythologies et les religions les plus anciennes. Ils sont si attrayant, que de nos jours, ils font l'objet de collections .
Les coquillages sont les vrais joyaux de la mer.
Cette espèce est trés fréquente et se rencontre presque à chaque plongée de nuit (pour celui qui sait regarder !).
Les ophiures vivent en général cachées. Elles peuvent être sous les pierres, dans les herbiers, envasées, voire même à l'intérieur des éponges pour les plus petites d'entre elles.
Elles sont très rapides. Si vous retournez une pierre vous en verrez sûrement une se déplacer rapidement pour fuir la lumière.
La nuit les Galathées, bien qu'étant craintives sont souvent hors de leurs trous et observent avec curiosité le plongeur qui passe. Cela facilite donc grandement la tache pour les photographier...
Photo prise pendant une plongée de nuit sur le tombant de la POINTE PILONE.
Photo d'une crevette cavernicole prise de nuit au pied du tombant du CAP DE NICE où elle peut former des groupes de centaines, voire de milliers d'individus.
Les ténèbres sont peuplées de créatures qui parfois nous offrent des spectacles inoubliables. Une nuit, en sortant d'un bosquet de verdure , nous sommes tombés devant un banc de Méduses. Ces dernières étaient fluorescentes. Le spectacle était si beau, que l'on est remonté de plongée avec une impression entre éblouissement et stupeur..
La nuit, on fait parfois des rencontres surprenantes. Dans une eau d'une limpidité à en faire pâlir les eaux tropicales, nous avons aperçu quelque chose briller sur le fond. Il y avait là un poisson, d'au moins deux mètres de long, très effilé, posé sur le sable. On aurait dit une épée.
Malgré la profondeur, nous avons décidé d'essayer de l'approcher. L'animal ne nous a pas attendu. Ce dernier nous a tout simplement foncé dessus. Essayez d'imaginer notre surprise ! L'appareil photo s'est même déclenché tout seul ! On aurait pu se croire en plein cauchemar et presque éprouver de la peur.
L'effet de surprise passé nous avons tenté de le suivre et de le photographier. Mais il nous a vite entraîné sur des fonds de + de 60m. C'était en fait un poisson sabre, poisson vivant dans les eaux profondes.
La richesse de la vie marine ne se laisse pas si facilement analyser. C'est pourquoi, je pense que tout jeune plongeur, doit compléter son initiation par quelques plongées de nuit.
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