La gorgone rouge

 

La plus grande des gorgones de Méditerranée est la préférée des plongeurs. Ses colonies, en forme d'arbustes, créent de magnifiques décors qui sont certainement les plus beaux que l'on puisse rencontrer. Elles forment de véritables petites forêts multicolores: bleues (sans lumière), pourpres, rouges, jaunes ou bicolores.

Paramuricea clavata

 

La gorgone rouge a le même type de développement que la gorgone jaune. C'est à dire qu'elle n'aime pas les sédiments et vit sur des tombants, ou sur des surplombs rocheux, dans des zones bien exposées aux courants. Bien que parfois on les rencontre côte à côte, la gorgone rouge préfère les eaux peu éclairées et plus profondes (jusqu’à 200 m).

 

Paramuricea clavata

 

Elle vivrait une bonne vingtaine d'années. Elle a une vitesse de croissante de l'ordre de 1 à 6 cm par an. Les colonies ont généralement une taille comprise entre 30 cm et 1 mètre. En profondeur, si elles sont bien alimentées par le courant, elles peuvent atteindre 1,5 m et même plus.

 

Paramuricea clavata

 

Il y a quelques années, un ami plongeur m'a dit qu'il avait vu des gorgones rouges plus grandes que lui. Même si c'était à 70 m de fond, en recycleur, sur des roches bien au large, j'ai eu du mal à le croire. Pourtant, récemment, une population caractérisée par des colonies allant jusqu’à 1,80 m a été officiellement enregistrée. Ce qui nous laisse penser que si elles sont protégées de l'activité humaine elles peuvent vivre longtemps.

 

Paramuricea clavata

 

D'autres espèces utilisent les gorgones comme support. Ce sont tous des opportunistes qui profitent de la position de la gorgone au milieu du courant. C'est une manière de récupérer le maximum de nourriture facilement. Certains de ces animaux y sont fixés comme par exemple des vers tubicoles (Spirographes), des éponges, des bryozoaires (Turbicellepore cornu) ou des bivalves (Avicule Hirondelle). D'autres sont plus mobiles (gorgonocéphale, petites rascasses).

 

Oeuf de rousette

Les roussettes y accrochent même leurs œufs.

 

Cette cohabitation n'est pas forcément très appréciée. Dans ce cas les polypes peuvent allonger leurs tentacules pleins de venin. Une guerre s'engage alors. Je ne sais pas si j'ai assisté à ce phénomène, ou si c'était une période propice à leur alimentation ou autre chose, mais deux colonies avaient tellement étirées leurs tentacules que l'on se retrouvait avec de véritables filets gélatineux entre les différentes branches. (Photo ci-dessous).

 

Paramuricea clavata

 

D'autres espèces ne leur veulent pas forcément du bien. Certains mollusques s’en nourrissent comme la porcelaine Simnie (Simnia spelta) ou le nudibranche Marionia (Marionia blainvillea). L'alcyon encroûtant (Alcyonium coralloides) ou la gerardia (Savalia savaglia) eux encroûtent la gorgone en nécrosant ses tissus.

 

Alcyonium coralloides

Alcyon encroûtant

 

 

La gorgone rouge possède plusieurs noms communs français:
- Gorgone bleue: Sans lumière artificielle, la gorgone a l'air d'être bleue
- Gorgone pourpre: En fait la couleur dominante est le rouge violacé
- Gorgone rouge: Certaines colonies sont parfois d'un très beau rouge
- Gorgone caméléon: Elles peuvent être bicolores, rouges avec les pointes jaunes. Certaines colonies sont mêmes parfois entièrement jaunes.

 

Paramuricea clavata

 

Origine de son nom scientifique : Paramuricea clavata
- Para: du grec [para] = comparable
- muricea du grec [Murike] = tamaris (Arbustre épineux)
- clavata: du Latin = garni de clous