Les gorgones émerveillent les plongeurs qui passent près de leurs colonies. Récemment nous vous avons présenté les 5 espèces les plus communes pour nous plongeur. C'est à dire la gorgones blanche, la gorgone verruqueuse, la gorgone orange, la gorgone jaune et la magnifique gorgone rouge. Mais les gorgones sont des animaux fragiles, très fragiles. C'est pourquoi je tenais à vous montrer un exemple de dégâts occasionnés par l'activité humaine.
Pour cela remontons dans le temps. Commençons par la fin de l'été 1999 (Photo ci-dessous). En l'espace d'une quinzaine de jour il y a eu une vague de mortalité des gorgones le long des côtes Liguro-Provençales. Oursins, éponges ont également été concernés. L'été a été très chaud mais le phénomène a été si rapide et uniquement le long du courant ligure que j'ai toujours pensé à une pollution chimique ou a une infection par des bactéries. A l'époque je faisais de la photo argentique et ai limité le nombre de prises de vues.
Février 2015 - Le phénomène recommence dans les alpes maritimes. Les premières gorgones à être impactées sont les gorgones jaunes. Cette fois-ci, étant passé à la photo numérique, je décide alors d'en suivre l'évolution jusqu’à la fin de l'année. En voici quelques photos.
Nous sommes en plein hiver. Bien que l'eau soit trop chaude pour la saison et que l'on va vers un été caniculaire, j'ai du mal à croire que cela soit liée, à ce moment là, à l'augmentation prolongée de la température. Des scientifiques ont fait des prélèvements. Peut-être ont-ils trouvés une explication...
Mars 2015 - La mortalité des gorgones s’accroît. D'autres animaux, comme leur cousin le corail rouge, sont également touchés. Par endroits des pans entiers de corail sont complètement décimés.
Corail mort
Corail sain
Avril 2015 - Arrivée des algues brunes mucilagineuses. Cette année là nous en avons eu jusqu’au mois d’août. Vu la durée de leur présence, il y a vraisemblablement eu une succession de vagues de différentes espèces. Quoi qu'il en soit, en Avril démarre alors une lente agonie des gorgones survivantes par étouffement.
On ne connaît pas l'origine de la prolifération des algues (augmentation prolongée de la température, pollution comme le rejet des eaux usées, excédant de nutriments... ). Le phénomène est connu en Méditerranée depuis les années 70. Une simple tempête ou un coup de vent aurait suffit à les faire disparaître mais cela n'a pas vraiment été le cas cette année-là.
Mai, Juin 2015 - La conjugaison de "l'attaque" apparue en Février et de la persistance des algues a fini par avoir raison des dernières gorgones jaunes.
Juillet, Août 2015 - Eté caniculaire. L'eau est trop chaude. Les algues sont toujours là. En profondeur, les gorgones rouges sont aussi atteintes. La mortalité des gorgones aura été très importante cette année-là.
Quand on parle de dégât occasionné par l'activité humaine sur le monde marin on pense de suite aux marées noires, aux mouillages des bateaux, à la surpêche, aux rejets de toutes sortes mais on ferme les yeux sur notre propre façon de vivre.
La destruction du milieu naturel vient bien de nous, de notre mode de vie (Surconsommation, tourisme de masse). Le conducteur d'une très grosse berline est autant coupable qu'un utilisateur assidu de réseaux sociaux sur smartphone, ou, en mode, d'un accro de dupes. Nous sommes des flocons de neige créant une avalanche, sans aucune conscience des dégâts que provoque cette dernière.
Ces photos datent de 2015* mais elle auraient pu être prises récemment. Les vagues de mortalités massives des organismes marins, et en particulier des gorgones, continuent de nos jours. Alors, comparez ces images avec celles du mois dernier et dites vous: "Que sommes nous en train de faire?"
* Sauf la seconde qui date de 1999.